La pression fiscale sur les déchets
La France est aux prises avec une augmentation significative des taxes sur les ordures ménagères, s'ajoutant à la hausse de la taxe foncière, ce qui pèse lourdement sur les propriétaires immobiliers. Une étude de l'Association nationale des collectivités et des entreprises pour la gestion des réseaux de chaleur, de l'énergie et des déchets (Amorce) a révélé une augmentation d'environ 10 % de la taxe sur les ordures ménagères en moyenne, soit environ 140 euros par an par ménage en France.
Dans certaines villes de plus de 40 000 habitants, cette augmentation peut atteindre des niveaux alarmants, par exemple 55 % à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), 51 % à Sevran et Tremblay (Seine-Saint-Denis), ou encore 41 % à Aix-en-Provence et Vitrolles (Bouches-du-Rhône).
Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation. Tout d'abord, la hausse des prix des carburants et de l'énergie a eu un impact sur les coûts de gestion des déchets. De plus, l'inflation sur le matériel, comme les bacs et les sacs en plastique, ainsi que les augmentations de salaires, notamment la revalorisation du Smic, ont entraîné une nécessité d'augmenter les recettes.
Cependant, la crise des déchets en France va au-delà de ces facteurs économiques. La loi Agec (anti-gaspillage pour une économie circulaire) de 2020 visait à réduire de moitié les déchets d'ici 2030, mais les objectifs semblent hors de portée. La quantité de déchets produits par les Français n'a pas diminué de 15 % comme prévu. De plus, seulement 50 % des déchets sont actuellement recyclés par les éco-organismes, et le tri à la source des biodéchets stagne.
L'augmentation de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) prélevée par l'État a également contribué à la hausse des prix. La TGAP est passée de 41 euros en 2019 à 61 euros aujourd'hui, et elle devrait atteindre 65 euros en 2025 pour les déchets enfouis. Pour les déchets incinérés, la contribution est passée de 15 euros en 2019 à 23 euros actuellement, avec une perspective d'atteindre 25 euros en 2025.
Face à cette pression financière croissante, les collectivités tentent de limiter les coûts en réduisant le nombre de collectes ou en encourageant les apports volontaires plutôt que le ramassage à domicile. Cependant, l'Amorce estime qu'une réforme nationale est nécessaire pour garantir une approche équitable et incitative de la gestion des déchets. Une réforme qui pourrait contenir les coûts tout en continuant à promouvoir une réduction significative des déchets, conformément aux objectifs fixés par la loi Agec.
En fin de compte, les propriétaires immobiliers français se retrouvent confrontés à une augmentation des taxes sur les déchets qui, malgré les raisons économiques évidentes, soulève des questions sur la durabilité de la gestion des déchets dans le pays et la nécessité d'une révision approfondie du système fiscal en jeu.
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